samedi 26 mai 2018

Confession d’un putain de génie

Inutile de sourciller, je ne suis pas le genre à tergiverser
Quand vient l’heure de
déflorer la feuille blanche de quelques giclées d’authenticité
Avec le geste auguste du semeur de troubles

doté d’un manque certain de modestie ajouté
à un gout immodéré pour l’arrogance
artiste de la prétention, j’avoue sans fausse honte,

Je suis un putain de génie !

Une espèce de cinglé halluciné qui mérite sa statue au musée de cire des fondus
Une médaille en or massif épinglée au revers d’un costume offert par un grand
Couturier
de préférence homosexuel histoire de faire chier les esprits obtus

Un poète dingue qui ne s’offusquerait pas de pisser dans la bouche d’un ministre de la
culture agenouillé devant lui, peu importe que ce dernier soit de droite ou de
gauche, dans tous
les cas de figure, il faut savoir cultiver sa légende artistique

Parce que

quand on possède ma sale gueule aux traits irréguliers
Mes yeux globuleux, mon nez cassé presqu’aussi tordu que mon esprit
Mes fantasmes bizarres,
Mon manque d’avenir
Il faut vraiment des traits de génie
Un talent certain dans l’art de laisser perdurer l’illusion
Pour avoir eu d’aussi belles femmes

toutes ces femmes dont on disait
Que jamais
Elles ne me regarderaient
Qu’elles méritaient mieux
Qu’on ne savait pas ce qu’elles me trouvaient
Etc…
Etc…
Etc…

Et d’accord, bon nombre d’entre elles étaient folles
Ou cassées
Ou nymphomanes
Ou quelque chose comme ça et parfois tout ça
à la fois mais il est important de le souligner
c’était toujours les plus belles
toujours les plus extraordinaires

et leur folie plus ou moins prononcée ne change rien à la victoire
on a tous sa propre part sombre chevillée à l’âme et les femmes ternes
et dociles sont pour moi comme les murs gris, j’ai toujours évité
de les frôler

et si tu connais bien les femmes
tu sais alors qu’elles ne sont jamais faciles

même les plus rapides à baisser la culotte
qu’elles ne portent pas toujours
n’écartent pas leurs jolies cuisses pour le premier crétin venu
elles savent toujours ce qu’elles veulent
et où elles en sont

et surtout

qui
tu
es

et maintenant voici la vérité nue
quoi que je puisse dire
ou
faire
ou prétendre
ce sont TOUJOURS elles qui ont choisi
eu
le
dernier
mot
je n’ai pas eu voix au chapitre

et si certaines ont parfois imaginé me planter un cimeterre bien droit dans le dos
à hauteur du cœur ou du poumon
et sont passées bien près du passage à l’acte
je reprends la route jusqu’à elles quand elles veulent
juste pour accrocher au bout de ma langue
ce petit truc rose et brulant et humide
au gout de paradis bien propre
qu’elles ont eu la bonté de m’offrir le temps de quelques jeux
parfois dans le dos de leurs amoureux
et
pouvoir entendre encore dans leurs bouches affamées tous ces mots d’amour
ma récompense offerte pour les rires et les sourires

Et si tous ces mots d’amour, à l’arrivée, m’ont troué de part en part avant de
précipiter ma chute, je n’en aurai jamais assez et
peut-être que j’en crèverai encore une fois,
cloué au pilori par une fente bien droite
un petit cul de pom-pom girl et
un air mutin accolés à un don inné pour me faire courir et remuer la queue
comme un gentil petit chienchien à sa maitresse

crever d’amour ou de la syphilis sera toujours plus glorieux
qu’un cancer du colon
ou se faire renverser sur un passage clouté par une voiturette sans permis
ou s’étouffer en avalant une pilule diurétique
ou se couper soi même les couilles au choix
avec un scalpel émoussé ou
un mariage raté

et maintenant que la bedaine pousse, que les cheveux s’enfuient avec la jeunesse
que je suis devenu trop lourd pour tourner sur le ring (ou pour la poésie)
mais que je m’entête à le faire
je suis prêt à me faire exploser les veines à coup de cachets bleus comme un
mensonge
pour la première beauté insolente qui passera et me prendra par la main
pour m’amener chez elle ou au premier hôtel borgne venu ou sur le parking désert d’un
supermarché de campagne afin
que je donne le meilleur de moi même dans l’espoir qu’elle crie mon prénom, des mots crus
ou des insultes jusqu’au petit matin

peu importe qu’elle m’appelle bébé ou connard tant qu’elle me supplie
de la baiser sans m’arrêter, qu’elle enfonce ses ongles
vernis dans ma peau, scarifiant ma chair sous l’effet pur de la jouissance
et aussi
qu’elle laisse au creux de mon cou
la marque de ses dents et un petit croissant de lumière pour illuminer
les nuits où elle ne sera plus là

je signe ici une paillarde confession,
ma différence avec le commun des mortels

quand certains rêvent d’immortalité
ou d’enrichir leur plan d’épargne retraite
moi,
roi de la loose aux amantes délicieuses,
je désire des parties de baises à faire mouiller une bonne sœur en pleine prière monacale
de liturgiques orgies peuplés
de culs à claquer et
d’infinies et infernales étreintes à foutre le feu aux divines fesses de la sainte vierge en plein baptême de Jésus
d’ultimes péchés capiteux dans lesquels il se révèle capital d’égarer jusqu’à mon âme

Loin de l’équateur, dernière nuit contre la peau de la fille avec la bouche en forme de cœur

J’ai foutu une photo de toi en fond d’écran
Sur mon ordinateur
Allongée sur le ventre en noir et blanc
Il y a ta jolie petite gueule
Ta jolie bouche en forme de cœur
Et ton joli p’tit cul de sportive
Une jambe repliée en l’air avec un talon noir pris dans l’élastique de ton string
Tu ne portes que ça, un string, des chaussures noires, ton insolente beauté et ton
Regard de femme fatale
Autant dire que j’aime beaucoup cette photo.
On avait fait la fête et on avait bu, surtout moi et tu avais dis en rentrant
Qu’on allait se la jouer modèle et photographe
Et après tu n’avais pas voulu coucher avec moi
Ce qui était une cruelle torture après ton effeuillage en règle
Devant l’objectif derrière lequel se planquaient mes yeux remplis
De la bave du vieux pervers, si près de ton corps et pas le droit
De toucher
Pas de doute, tu savais jouer avec moi, tu connaissais par cœur le
Mot de code, celui qui m’arrête même avec trois grammes
Mais après tout, sans doute devais-je le mériter
Tu devais avoir 23 ans et moi beaucoup plus et c’est cette fois là
Que tu m’as dit
« je veux un mec comme toi, mais de mon âge »
et c’est peut-être ce qui m’a sauvé de toi
cette sentence que je connaissais déjà
qui m’interdisait de laisser vivre tout ce qui voulait vivre en dedans
et j’aurais bien aimé gouter une dernière fois ton miel
tes lèvres
ta peau
le son délicat de tes gémissements
mais ce sont des choses qui arrivent
j’avais eu ma chance, ces soirs où tu étais venue
juste pour moi
avec tes sourires comme des guirlandes lumineuses
et tes yeux rieurs et moqueurs, sure de ta force et
de ton pouvoir sur moi et
je n’ai jamais su comment tu faisais pour me regarder
et voir quelque chose en moi, quelque chose qui me faisait
me sentir beau
plus beau que tous ces types aux dents bien alignées
et je n’ai nulle nostalgie ni chagrin en regardant cette photo
tu étais un morceau de lumière dans ma nuit
de la chaleur contre le froid de ma mort intérieure
et je n’ai nul regret si ce n’est d’avoir été profondément
alcoolique à cette époque, et tu m’as sauvé
de moi-même sans t’en rendre compte et voilà, je souris en matant
ton joli cul sur mon écran, je souris en repensant
à ta magie,
il y avait tellement de vide en moi et toi
tu te pointais et tu foutais la dedans un truc chaud
                                                            qui battait fort et
c’était me souvenir que je pouvais être vivant

mercredi 23 mai 2018

Cœur, sang, foutre, souvenirs… Tout sèche !




J’entends dire que tu es triste dans cette autre ville
(Rien à foutre dis-je
Je l’avais prévenu
Qu’elle se construisait une prison
De moi, elle pense que je suis fou et que je me paye des putes)
J’entends dire
Mais je ne veux pas entendre dire
Merde
cette solitude
Tu l’as choisie
Tu voulais un mec que tu n’aimerais pas
Parce qu’aimer ça fait mal, joli suicide sentimental je songeais
Alors ok, peut-être aurais-je du te plaquer contre un mur
Voler tes lèvres et laisser le feu en moi t’embraser
Peut-être m’aurais tu arraché les yeux
Peut-être m’aurais tu laissé faire, lécher tes seins et tout ce qui traine par là
avec l’appétit du loup dans le poulailler
Mais j’ai voulu faire ça bien, tu sais
Genre
« Il faut me voir à jeun, me poser des questions et me regarder dans les yeux
Je ne suis pas de ceux qui mentent, (ce qui explique mes échecs) »
Putain
j’avais vécu un million de morts pour me guérir d’une tueuse
(yeux noirs elle aussi) et c’était comme si je n’avais rien appris
oublié qu’en amour aussi et surtout, le gentil perd toujours
autant prendre des clous rouillés et m’accrocher tout seul à la croix
Merde
j’ai toujours su jouer quand il n’y a pas de danger
mais là, j’étais largué, piégé au creux d’un océan de peurs stupides
Tu explosais dans mes yeux comme mille soleils en train de baiser
Mille étoiles
au milieu des flammes de l’enfer
et ça me laissait tout chose
tu avais ce truc, pour de vrai
Ce pouvoir dingue de me bruler sur place d’un seul regard
Chacun de tes sourires était une chaine de velours en devenir
mais ça aussi, j’ai du apprendre à m’en foutre
à faire comme si ce n’était pas nécessaire à un certain équilibre personnel
et j’ai continué à sautiller pieds nus sur un chemin de verre pilé
et peut-être qu’un jour tu liras ce truc
et peut-être qu’un jour je te raconterais
comment mes mains tremblaient quand je t’approchais tant tu es belle
quelle souffrance c’était, ne pas t’avoir
et peut-être que j’avouerais que je met des « putain » et des « merde »
dans mes poèmes
parce que la poésie de la vie n’est jamais que le bon côté d’un bâton merdeux
et que j’en ai rien à foutre de la beauté des mots
peu importe la technique, celui qui place le bon crochet au foie
remporte la mise,
la défaite, je l’ai toujours payé cash, je vis avec mes cassures
sans boiter
et tout ce qu’il n’y a pas eu entre toi et moi, ce n’est rien
ni un gâchis
ni un regret
juste quelques gouttes de sang abandonnées sur un sol sale
quelques gouttes de sang qui, elles aussi, ont fini par
                                                                                    sécher

mardi 22 mai 2018

Ce qui n’a pas marché


Les lâches avaient arraché tes griffes
et moi je rêvais que tu déchires ma peau