mercredi 4 octobre 2017

Crever de vivre

Il n’y a pas de vraies vies ma poule
Il n’y a que des vies plus confortables
Des vies où tu ne risques pas de crever de faim
Où tu dors au chaud,
Des vies où tu voyages pendant tes vacances
Parce que tu as des vacances, de longues vacances
Des vies
Où tu baises régulièrement
Où le cancer, la sclérose et autres saloperies
Mortelles et sadiques
Sont pour d’autres,
D’autres que tu ne connais pas
Des vies où rien ne te touche au fond
Ne te détruit
Ne te brûle
Des vies où la dépression et la folie
Sont des énigmes
Et si tu  n’as pas tout ça…
Tu t’effaces à petit feu
tu sombres dans le gouffre
Tu sais que ça serait meilleur
Avec du fric pour un peu plus de liberté
Avec un joli petit cul ou une jolie bite
Près de toi selon ce que tu aimes
Mais ce n’est jamais comme ça
Il y a toujours un petit truc absent
Qui fragilise l’ensemble, et ça
Te rend transparent sous la lumière
Invisible aux autres
Et si tu regardes de plus près
Avec attention tu verras que
Rien n’est tout beau tout rose
Rien ne tient vraiment la route
Il n’y a pas de vraies vies
Juste de vraies morts
Des moments où tu ne fais que glisser
vers le néant
Avec obstination et régularité
Des vies passés à chercher le morceau de soi
Qui manque
à croire à l’amour malgré toutes les fois
Où l’amour est une arnaque
            (pourtant tu connais trop bien les relations
            humaines
            quand un masque tombe, un cœur trébuche)
mais tu veux y croire, car ça te tient plus ou moins debout
face à l’attente et si rien ne vient
il reste encore la religion où
on essaie de te vendre l’espoir du
paradis après la fin, on te le vend car
il y a toujours un livre à acheter
ici-bas Dieu est capitalisme
moi je voulais
croire que le message de dieu
était dans le miel et les fleurs
dans l’écorce de chaque arbre
et dans les bras de celle qui ne m’aime plus
alors
comment croire au paradis
quand tant de vies sont un supplice
comment croire à la récompense
quand toute ta réalité t’éloigne du divin
j’ai du mal avec tout ça
et le reste aussi
le travail, les guerres, les meurtres
les viols, les cris, la haine, les insultes
les jours gris, les marchands d’armes
les types qui inventent les armes
les bourreaux, les vols, la faim, le manque de solidarité
les politiciens (ces fils de putes), le manque de respect
les dictateurs, la torture animal, la corrida, les toreros (ces fils de putes)
le jour où tu t’es barrée salope et que tu m’as laissé là
à m’assassiner pour toi avec mes illusions plantées dans le cœur
et le cul, les manteaux en fourrures, les marées noires
le harcèlement sexuel et tout un tas d’autres trucs
qui ne me viennent pas à l’esprit tout de suite
mais qui me poussent
à chier dans la bouche de ce monde ce qui par
association d’idées malfaisantes
me rappelle que
je ne sais toujours pas ce qui pousse
un type à devenir proctologue
même si je trouve ça plus sympathique
qu’une vocation de psychopathe
bien que je dise ça en éludant
toute les fois où tuer m’aurait apaisé
et ce matin encore, il faut trouver
une raison de se lever, faire semblant
de croire que viendra
sa place au soleil…
on voudrait vivre à en crever
on se contente de crever de vivre

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