dimanche 30 juillet 2017

Vous n’aimeriez pas que ce type là drague votre fille en boite de nuit

Alors là, c’était pas du tout le plan
Je devais rentrer et surtout pas boire
Un seul verre d’alcool parce que vois tu
On était samedi et trois jours avant
Ils m’avaient endormi et enfoncé
Un tuyau bien profond dans la bite pour différentes
Raisons médicales, (j’avais déjà connu
Nombre de mercredi à l’esprit plus sauvage
Et libre que celui-ci) et vois-tu
Les anesthésies générales ont tendance
à me maintenir en état de défonce
Sur deux semaines et j’avais acheté
Des fraises de l’avocat du cumin
Des radis, de l’orange et tout un tas
D’autres trucs comestibles et bio
Autant que possible car je me suis dit
Qu’à bientôt 47 balais il était
Temps de me mettre à la cuisine
Enfin au moins de faire un test
Histoire de voir si j’étais capable
De sortir de l’adolescence, de devenir
Bon à marier etc… et si on ne tablait
Pas sur mon évident manque de volonté
Et mon besoin viscéral d’autodestruction
On aurait pu parier des fortunes sur
Mon désir de weekend stable et résigné
mais quelque part sur le chemin, j’ai réalisé
Que la vie est encore plus courte
Qu’on le croit même quand on est déjà
Sur que la vie est courte et quelque chose
A du casser dans ma tête, quelque chose
casse souvent dans ma pauvre tête, c’est peut-être
du à mon impossibilité d’être
normal
en équilibre
sain
rassurant
un gagnant
quelque chose qui donne envie à une merveilleuse
demoiselle de poser sa tête sur mon épaule
et de rester là à regarder une émission de télé
débile créée pour occuper le cerveau atrophié
de spectateurs débiles, juste parce que la dite
demoiselle se trouverait bien sur la forme
délicate de mon épaule
et voilà comment je me suis retrouvé
à ce comptoir alors même que je devais
rentrer en dax st70, (un vieux deux roues
pour les plus incultes de mes lecteurs)
et je me disais que je rentrerais plus en ski
qu’en moto si j’étais assez con pour ne pas
revenir à pied, mais en fait non, je ne me disais
pas ça, car je suis assez con pour ne pas revenir
à pied mais en moto-ski quand je bois
et je cherchais le regard des jolies filles
avec l’avidité stupide du type qui n’a pas baisé
depuis trop longtemps, mais l'air pas trop crevard non plus
vu que je vais peut-être baiser dans deux semaines
(j’ai dis peut-être et si Dieu est bon, ce sera avant)
et il y avait celle là, avec des yeux noirs remplis
de braises et de flammes, si belle
mais beaucoup trop jeune pour mon vieux corps
vieillir c’est nul
je la trouvais magnifique mais je n’ai même
pas osé l’approcher, je connaissais trop bien
l’idée de la défaite et j’ai parlé
à une autre complètement dingue et c’est comme
ça que je me suis retrouvé à demander une bougie
et un briquet au comptoir de la boite de nuit
et à une fille qui passait dans le coin
et a aussitôt regretté d’être venu quand je lui ai adressé
la parole
mais la boite de nuit était
mal équipée en terme de bougies et la fille
qui passait par là ne va pas danser avec sa bougie
et du coup ,  ô éternels regrets, je n’ai pas pu verser
de la cire chaude sur la poitrine de la fille dingue
à qui je parlais au milieu de la foule
et quand j’ai proposé
de lui bruler le mamelon au briquet pour satisfaire ses
penchants masochistes
elle a bien vu
que sur ce second point
je n’étais pas du tout sérieux et elle s’est marrée et elle m’a dit
« tu es vraiment barge mais je t’apprécie bien »
et je ne me suis pas demandé ce qu’elle aurait prononcé
si je lui avait demandé son âge, son prénom
ce qu’elle faisait dans la vie, non, elle n’aurait pas aimé
quelqu’un de normal, alors j’ai juste
dit un truc genre « je te connaissais pas il y a quinze minutes
et je suis passé si près de te verser de la cire chaude sur les seins »
reconnaissons ma capacité innée à rendre
magique un dialogue, non ? et plus tard
une copine lesbienne s’est battue avec une fille
et il a fallu les séparer mais ma copine
lesbienne méritait qu’on la laisse finir le travail
et je l’affirme alors que j’abhorre la violence,
tout ça pour te conter la nuit et le feu
(il y a vraiment
des nuits remplis de feu) et
maintenant c est le matin depuis longtemps, je suis nu
et toujours chauve, remplis d’alcool, de produits
anesthésiques et de souvenirs embrumés
assis
sur mon siège à taper ce mauvais poème
sur mon clavier, l’œil rouge délavé
par la vie, l’alcool, les dépressions, le manque
de vitamine D, aussi sexy que la caisse
rouillée d’une machine à laver abandonnée dans une
décharge depuis des décennies
j’ai faim, il serait temps que j’aille me
faire des fraises au parmesan et vinaigre balsamique
je me suis branlé, merci de partager ce moment intime
et il n’y a rien d’autre à faire sinon mourir
à petit feu en prétendant sans y croire que cela n’arrivera
pas
 j’ai brûlé dans des soleils
je me suis noyé dans les ombres
j’ai fini écartelé sur l’autel des sentiments
j’ai perdu mon âme là où j’aurais du la vendre
je suis malsain
je suis tout sauf le gendre idéal
et tout ça alors même que je ne désirais rien
sinon
vivre un plus fort que ce que la vie m’offrait
sans jamais y parvenir
et quelque part
je m’estime chanceux
je connais les raisons
de ma démence
et si je n’y trouve nul espoir de guérison
je sais bien que ce n’est pas donné à tout le monde
                                                                        loin de là
                                                                        ma poule
                                                                        loin de là

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