jeudi 15 juin 2017

Quand tendent à se desserrer les mâchoires du monstre qui t’as pris

Il y a des jours comme ça
Des jours où le soleil est ton ami
Où le sourire de la fille aux immenses yeux bleus
Derrière son comptoir et sa manière
De toujours te gueuler dessus par jeu
Rendent la lumière importante
Des jours où tu te contentes d’être bien
Même si tu as un boulot que tu n’aimes pas
Que tu n’es pas écrivain et que tu ne le seras
Sans doute jamais et
Que tu vis seul un peu comme un jésus
Sur une croix de bois planté de travers
sur un mont « galérien »
Des jours où ce n’est plus une blessure
D’ouvrir les yeux,
où tu ne saignes plus
à l’idée
Que  celles que tu as aimées à la folie
appartiennent à d’autres
Et ce même si elles devaient les
aimer moins qu’elles t’ont
- ou auraient pu t’ -
aimer,
Il y a des jours comme ça
Où tu n’as envie de tuer personne
Où tu pourrais sourire à ton voisin
même s’il était CRS,
Et peu importe qu’une voix au fond
De toi refuse de se taire, de croire
à l’apaisement, qu’elle s’entête
à te dire, que la guerre fait des ravages
que l’homme est moins qu’une bête
que la folie est tapie dans l’ombre
qu’elle te guette et 
que la mort te prendra
avec plus ou moins de cruauté
peu importe que pas une femme
ne se donne à toi et surtout pas
celle là, magnifique mais trop jeune
dans sa courte robe noire, qui t’a souri
plus par politesse que par réel intérêt
peu importe que ta vie ne soit qu’une
tache de sang sur un trottoir gris et usé
il y a des jours comme ça
où tu te sens presque vivant, être enfin quelque chose
de plus qu’un éhonté
mensonge doué d’une certaine forme de pensée
Des jours où tu te fous du mal qui te ronge
et de la douleur qui est en toi alors que tu
n’as rien subi pour la justifier
Des jours où tes yeux sont un fleuve de lave
                        Et tu te sens affamé
                        Et tu en veux encore plus
                        et tu déploies tes ailes

                        et peut-être que pour un court moment
                        l’obscurité et le froid ne t’effraient plus

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