samedi 25 mars 2017

Dans un lit comme sur un clavier, la rapidité n’est pas forcement signe de grand talent (poème qui traite plus ou moins de chat, de moineaux et d’innocence)

La jolie fille au regard profond me dit :

-       Change tes thèmes, fais moi un poème sans sexe ni alcool
-       Je sais, je suis trop répétitif, mais depuis que je vieillis, depuis que je bois
moins, il m’arrive moins d’aventures
-       Écris-moi un poème qui commence comme ça, depuis que etc…C’est un bon début.

J’aurais peut-être préféré qu’elle choisisse mieux ses termes, en guise
D’encouragement, qu’elle déclare avec fermeté que c’est
Un putain de bon début, un putain de bon début à faire vibrer les cœurs et
les tripes des affamés de mots
Mais les filles jolies, au regard profond choisissent mieux le moment d’utiliser le mot
Putain
Généralement, c’est soit au milieu d’un poème qui touche plus juste
que tout ce que je n’écrirai jamais ou pour souligner oralement la violence du
quotidien
Comme dans la phrase :
PUTAIN MAIS OÙ AI-JE FOUTU CE PUTAIN DE ROUGE À LÈVRES DANS CE PUTAIN DE SAC À MAIN ?!!!

Et je lui pond ça vite fait sur le pouce :

Depuis que je vieillis, depuis que je bois moins, il m’arrive moins d’aventures et je me rends bien compte que si je partais maintenant, tes yeux noirs et ton corps de flammes resteraient mon seul amour et que le feu magnifique de tes caresses et l’absolue perfection de cet amour idéalisé seraient les seules images de pur bonheur que j’emporterai avec moi pour affronter tous les enfers et j’espère que tu ne m’en voudras pas de considérer cela comme un échec personnel

Je dis :
-       je pourrais l’appeler « petit coup vicelard à l’intention de mon ex
-       J’espérais que tu ne parlerais pas d’amour

Dans un lit comme sur un clavier, la rapidité n’est pas forcement signe de grand talent
je l’ai déçue

Je déçois souvent les jolies filles
Ça m’arrive moins souvent avec les moches mais je me dois de préciser que je m’entête à éviter de leur parler.

Elle me demande un truc qui parle de pain et de moineaux.

De pain et de moineaux ???

Qui parle de pain et de moineaux depuis que la drogue circule librement
Dans nos rues sales ? Depuis que le porno est gratuit sur le net afin de blanchir
L’argent de la dite drogue et de ruiner l’âme de nos adolescents en la rendant
Hermétique à toute forme de lyrisme sentimental ?

Depuis que je vieillis, depuis que je bois moins, je reste assis comme ça, pas loin de mes fenêtres et dehors, la vie file, les gens morts visitent des gynécologues et des proctologues propriétaires de maisons à l’ile de ré, machine songe à se faire refaire ses seins, celle là m’appelle pour me parler de ses problèmes de couples et moi j’attend que survienne une étincelle pour enflammer ma nuit et parfois je croise un miroir en vadrouille et je déchante…
Putain j’ai plus l’âge !

Et puisqu’il faut bien que de ce dialogue à battons rompus jaillisse quelque chose
Qui ressemble à une prude morale afin de contrebalancer l’indécence avouée de ma
moralité de chat de gouttière, (je note d’ailleurs que la
jolie fille au regard profond ne met pas un seul instant en doute ma dite moralité de
chat de gouttière) disons que…

Je n’ai rien contre les moineaux, mais je les prierai de bien vouloir rester à distance
de ce que je nomme ma poésie.

Ceci dit, j’envie aux moineaux cette parfaite innocence qui leur aurait permis de chier
Sur Jésus cloué sur sa croix sans que cela ne se révèle synonyme d’une
quelconque haine

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