vendredi 5 août 2016

La fille du premier pas

Elle est la fille du premier pas
autant que possible jamais plus
            elle espère ainsi se préserver d’elle même

Si je devais retenter quelque chose avec
Quelqu’un dit-elle de sa jolie voix rieuse
Dans mon téléphone noir, je ne pense pas que
Je vivrais avec, je ne crois plus qu’on doive
TOUT vivre ensemble

            je l’écoute réfléchir,
Calculer, prévoir, encore une manière
De ne laisser personne l’approcher
Je la connais par cœur

Moi, je songe que chaque histoire
est différente, qu’on ne peut rien
Calculer à l’avance, il y a des peaux
Contre lesquelles on veut s’endormir
Chaque nuit que Dieu fait ou défait
            Et quand l’une d’elle se colle
à nous, et bien… voyons à ce moment là

            Bien sur, je comprends
sa vision, la peur que le quotidien
Chaussettes à repriser et caleçon sales
Tue l’amour, mais je la connais trop bien
Elle ne fuit qu’elle même et ce qu’elle peut
Eprouver. La routine ne peut pas l’effrayer
Elle possède ce talent et cette force qui rendent
belles
            La vaisselle et la télé réalité
Si elle le décide

            Elle est toujours ainsi, elle ne peut
Envisager sa route sans une montagne
            à escalader ou contourner quand
il ne s’agit pas de creuser un tunnel
                        pour la franchir, ça l’aide
à rebrousser chemin avant que ne survienne
le moment tant redouté,
                        le second pas

et je voudrais bien l’affranchir de
ces chaines qu’elle se crée, (mille et
une raison de ne pas vivre), lui
apprendre que l’amour, la vie, le bonheur
            ne sont pas qu’une lance enfoncée profond
dans son flanc.

je sais bien qu’ils lui ont brisée les rotules
            Au début de la course
qu’elle avance en boitant, mais
elle agit comme si elle tenait le marteau
            avec lequel ils ont frappé

            Depuis, elle craint l’amour…

L’amour, elle ne l’envisage que comme
            Une faiblesse, la raison de sa chute
Dans la poussière

Alors elle se fait mal, très mal

sombre désir
se punir des fautes des autres
Je pourrais lui en parler pendant
Des heures mais elle n’écouterait pas
            Ça remettrait en cause
Son mode de protection, elle construit
Des châteaux de pierres froides
                        pour se protéger de la lumière
et feint de ne pas voir qu’elle étouffe dans
            leur pénombre intérieur

                        elle s’imagine
Etre forte en rendant tout compliqué
Mais la complication n’est qu’une
                        Fuite en avant mathématiquement
Programmée, s’éloigner d’elle
Semble être son seul et unique but
            Dans l’existence

Sans cesse je lui rabâche le mantra
Qu’on rabâche à celles et ceux qui refusent
D’être eux-mêmes
« Toute l’énergie
Que tu dépenses pour te rendre malheureuse,
si la consacrait
            à chercher le bonheur, alors… »

Certes, je ne peux nier que son destin
S’acharne et je me dis que Dieu et son
Divin plan devraient rendre des comptes
Mais entre Elle et Lui, le match est
Serré, je dois comptabiliser
toutes les fois où elle a préféré
baisser ses bras par peur de s’abandonner
             dans d’autres
Tous ces jours à déchirer son âme
En lambeaux de ses propres mains
            à griffer la beauté de son visage
 avec ses ongles blancs

Je ne me fais plus de mal prétend elle
            Mais je continue de la voir faire
Et je me souviens de ces nuits pas
Si lointaines où
Elle utilisait le sexe et les hommes
            Pour se salir, couvrir
De boue les étoiles qui courraient
                        Sur son corps
De femme fidèle à son désir de mort sure

            Je connais une âme si belle
Qu’elle se veut laide dans le vain
espoir
            de se protéger de la folie
Et de la brutalité des hommes
            Mais la laideur n'est pas une armure
La laideur n’est qu’une blessure
De plus qu’elle s’inflige et je
La supplie d’oublier, de laisser derrière
            la douleur et le goudron des souvenirs
Je lui montre le soleil et je lui dis
Qu’il n’existe nulle éthique sentimentale, mais
            Qu’on peut guérir des flammes de l’enfer
Comme on peut guérir de soi et des autres

Elle se couvre d’un manteau de peurs mais
            il n’y a nulle vulnérabilité dans la nudité
                                                moi, je lui jure que
Seule la chaleur tue le froid,

(attention harpes et violoncelles pour la conclusion,
jolies fleurs en toile de fond)
            Aime-toi et le ciel t’aimera lui dis-je (ou un truc dans le genre car
                        s’aimer est toujours un bon début) et
                        Cesse de te dévorer, c’est de vie que tu as faim

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